Troisième MANDAT DE RAISON

 

 Dès qu'il pleut et que l'on souhaiterait du beau temps, personne n'y peut rien changer, quand loin reste le jour où l'homme pourra/voudra agir sur le temps qu'il fait. D'autant qu'il existe les agriculteurs qui, dans cet exemple, attendent peut-être de l'eau, eux. Faire tomber une pluie ou/et un rayonnement solaire sélectifs localement et temporairement serait l'idéal. Impossible, et peut-être bien, heureusement...

Malheureusement, il en est ainsi également pour le système des échanges humains alors que là l'idéal apparaît chose possible. Il s'agit du système de marché, en terme d'économie politique où les problèmes se posent toujours en vue d'un devenir. Plus précisément, la caractéristique de ce système "inamovible" est nommément le capitalisme. Sa révolution semble pratiquement impossible, alors que théoriquement possible. Remarquons qu'aucune de ces deux options n'est plus manifestement soutenue, par le capitalisme ni par son contraire...Le prétendu communisme a justement fait illusion parce que ce n'était qu'un socialisme étatique, pas mieux. Ce qui a néanmoins suffi pour déshonorer le communisme en qualité de projet. Tant pis... Ce n'est pas le mot, le nom, qui compte.

Les valeurs relativement définies dans les deux précédents mandats de raison ressembleraient, en effet, à de blancs et hauts nimbus passant et revenant perpétuellement au-dessus de tout pays de la Terre, aussi longtemps que l'on exercera une démocratie gouvernante en concomitance avec un libéralisme marchand. L'une et l'autre forment talon et semelle de chaussures qui font marcher les mêmes - nous tous - vers un bureau de vote comme vers un supermarché. Comparativement au jour de soleil alternant avec un jour de pluie, rythme assez imprévisible et selon des désirs inégaux; les déceptions politiques et les programmes électoraux deviennent égaux et sont, vraiment prévisibles !... Le vrai changement est pourtant possible, nécessaire, et il ne dépend que de la volonté humaine !

Cela est normal puisque partant d'un principe identique : les majorités électorales et consommatrices, toutes deux d'ordre marchand. Elles s'avèrent partout complémentaires, tous les citoyens récoltant ce qu'a semé une majorité et ne protestant jamais. La majorité pouvant ne réaliser qu'un scrutin minoritaire en pourcentage, les autres voix se trouvent dans l'obligation de se plier. Mais le plus grave dans ce parallélisme est en ce que le suffrage majoritaire ne peut jamais exprimer ce qui serait vraiment bon pour la masse des citoyens, et que personne ne peut non plus prouver que le grand nombre ne peut avoir tort ou raison. Seulement à posteriori. Au départ, une analyse basée sur la valeur d'idées avancées dans un choix électoral, crédite souvent positivement une minorité de votants. Mais la légitimation d'un tel suffrage minoritaire ne serait pas juste non plus. Ce ne serait pas suffisant....

On en vient alors au besoin d'une démocratie "du" meilleur, non plus "des" meilleurs - se référant, non point à des esprits diplômés ou aptes intellectuellement et moralement ou honorablement méritants, mais à des idées en soi jugées indépendamment de leur auteur - la personnalité ne devant pas pouvoir influencer le choix. Ceci permettrait d'entrer en démocratie réellement gouvernée et de sortir de la démocratie par elle-même gouvernante. L'on quitte le gouvernement partial et d’un nombre. Alors reste la question : si gouverne la meilleure idée, qui l'aura jugée ainsi meilleure que d'autres, ou comment et par quoi l'évaluer équitable pour tous? Ne retombe-t-on pas dans un choix d'homme condamné par sa liberté à penser n'importe quoi, ou à se tromper, plutôt que de penser inventer ce qu'il lui faut ?

Voici en tout cas la bonne question. La réponse peut être la suivante : Il existe un critère universel : la raison. Sa définition reste ouverte. La logique formelle ne suffit point. Une logique dialectique pourrait s'ajouter. Les deux animent et expliquent déjà la complexité cybernétique. Ce n'est point tout, pas assez pour mettre la raison au centre des problèmes de toute nature. Humaine surtout. La raison est le coeur de toute pensée et la pensée est un complexe conscient qui intègre l'affectif, du sentiment, la volonté, le désir, et autres besoins, toutes des facultés propres au vivant. La raison de l'homme contient en quelque sorte des besoins communs aux animaux mais forme un plus, s'ajoute qualitativement. En ce sens, le règne animal pense sans raison - mais pense. En ce sens, le règne humain lui est supérieur, par la raison. L'homme est alors en droit d'exercer le bien par sa raison autant qu'il a le devoir d'éviter le mal grâce à la raison. Par ces faits, la responsabilité du genre humain sur cette Terre s'avère absolue. Ceci implique d'ordonner d'abord la non-confusion dans les esprits, la distinction, en somme d'exercer sa raison avec méthode, et selon la définition qu'elle nécessite.

Le débat peut / doit maintenant commencer par ce sujet et, surtout, entre vous qui venez après moi.

Les prémisses ont été avancées par les valeurs exposées dans les précédents mandats de raison. Ces valeurs attendent maintenant d'être développées, mieux théorisées, avant d'être appliquées. Et leur pouvoir d'application dépend de l'entendement préalable des citoyens concernant la démocratie à mettre en oeuvre. Ce nouveau mode de la démocratie sera seul en mesure d'installer également un autre et nouveau système économique, et dont l'affirmation permettra peu à peu d'opérer la négation du système capitaliste désuet. Impossible autrement de changer ce vieux système économique d'une manière pacifique, sans guerre physique, ou d'espérer une prise de conscience révolutionnaire... L'homme doit cesser de rêver platoniquement. Les leçons de l'Histoire peuvent servir à ne pas répéter les fautes commises, à ne point recommencer les illusions habituelles. Le rêve humanitaire de l'homme arrive opportunément à la mise au point d'un ordre de raison, en l'égalisation éthique avec les acquis technologiques de la science moderne. Cela permettra d'ailleurs seulement de raccourcir le décalage existant entre le niveau de ces acquis et les immenses besoins existentiels, économiques et sociaux, en attente. Le rattrapage demandera des efforts particuliers, notamment une réelle prise de conscience et un grand acte d'humilité en rapport avec le problème posé de la sorte.

 

Une démocratie gouvernée


Avec la Révolution de 1848, ceux qui prévoyaient des "républicains du lendemain" ne pensèrent sans doute pas que nous les attendrions encore de nos jours, 150 ans plus tard, toujours autant démunis de la "démocratie gouvernée", dès lors que se pérennisait la "démocratie gouvernante" avec ces élus censés représenter les citoyens au lieu de leur donner directement le droit et les moyens de gouverner. Passons sur la description historique de ce temps passé. Inutile...

Le mode électoraliste et systématiquement le suffrage majoritaire devient, de nos jours, une véritable catastrophe politique pour tous les peuples qui l'agréent en ce monde. Lancée avec la deuxième République depuis la France, l'introduction d'un état de droit de l'expression électorale du plus grand nombre fait une pandémie internationale, contaminant partout les consciences, d'individu à nation. L'homme se déresponsabilise en se laissant représenter, cède son devoir, prostitue ses droits civiques, et il ne s'en aperçoit pas. Sa pensée se dépolitise, sa condition se fige, le règne des partis se substitue à la révolution économique et sociale tant espérée.

On voudrait faire mentir Brecht affirmant "denken ist verändern" (penser = transformer) que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Si nous ne sommes pas coupables de lois prônées après la Révolution de 1848, nous sommes responsables de leur mise en fonction. Si nous nous portons socialement mal (chômage, etc.), ce n'est point que nous pensons mal mais c'est que nous ne pensons plus depuis, selon l'expression de Brecht. En fait, nous rabâchons, imitons, recommençons erreur, reproduisons faute, piétinons au lieu d'avancer, par incapacité....de penser. La pensée, c'est de l'intellection à chaud, susceptible de se refroidir, en terme d'énergie mentale soumise à la dégradation, à l'entropie. Le réchauffement mental dépend moins d'un savoir que d'une volonté de changer. Le devenir aurait besoin d'être conduit par la raison...Mais à partir du moment où la volonté relayant ce besoin n'entre plus ou entre moins dans un raisonnement en action, c'est la faculté de penser-même qui se démotive. L'individu se replonge dans le cours des expériences manquées de l'Histoire, recommence tout ce qui a déjà été mal vécu, semble ne jamais pouvoir créer autre et plus belle existence. Chacun ne conserve que regrets, mémoire de morts-vivants. Et l'Histoire s'ouvre fosse commune de cadavres qui se retournent face aux vivants. On n'a jamais vraiment appliqué en politique la méthode cartésienne, honorant pourtant la raison mais que l'on a toujours compromise avec une démocratie d'aventure, de mythe, d'élections fomentant Napoléon, intronisant Hitler, nous amenant la politique qui déraisonne et se prostitue à l'argent, en méthode... américaine.

Un désespoir apparaît alors, historiquement, comme l'immuable sortant de tout suffrage universel. Le quantitatif n'apporte que de la force, de voix comptables, sortantes, défaites et nulles, ces trois catégories non crédibles.Une minorité de suffrages peut contenir de meilleurs voeux que ce qu'apporte la majorité, parce que rassemblant des pensées généralement plus difficiles par rapport à celles conservatrices qui vont par facilité sortir majoritairement d'un scrutin. Déjà pour cette raison injuste, entre autres, l'électoralisme est par définition inadmissible au départ-même de la législation sélectionnant ceux qui élisent des représentants destinés à prendre en charge des pensées conditionnées. Ces pensées-là ne sont point, en effet, déterminées par elles-seules, c'est-à-dire ne sont pas même qualifiées en tant que pensées. La raison ne bat alors pas au coeur de la pensée, va se réfugier dans les talons de l'électeur pour le faire marcher au bureau de vote. La condition d'existence ne peut jamais être modifiée vraiment par cette farce maligne qui s'attrape. L'élection existe uniquement pour protéger les idées qui sont en place, ici puis partout.

La démocratie gouvernante devient de fait une terrible et grave faute politique, après 1848, se mondialisant, totalitairement. Ceci pour cause d'intérêts mercantiles, de possessions indues, de lâches pouvoirs, d'incapacité de vouloir se motiver par/pour autre chose que le profit vénal. Les valeurs marchandes objectives se font précéder, représenter, garantir, par des suffrages électoraux de valeurs marchandes subjectives.Tout part de la même procédure simpliste, suffragiste, inégalitaire. C'est ainsi qu'arrive sans complexe le temps d'une publicité avide pour vendre beaucoup mais à prix bradés, de valeurs dégradées. Ce marché couvert par la démocratie gouvernante, représentative, électoraliste, devient un supermarché de pauvres esprits consommant librement en riches étalages et de chômeurs obligés de mendier du travail.

Cette démocratie-là fait donc l'antichambre d'une économie capitaliste mondialisée. Elle fait même sa négation, en démontrant que d'une quantité la qualité ne sort guère. Sa valeur n'est que marchande, partant d'un quantum de voix comme toute marchandise d' un quantum de travail, d'offres et de demandes.

En démocratie gouvernée les "républicains du lendemain" se reconnaîtront, se verront arrivés enfin en vraie démocratie fondée sur la raison. Ils s'inspireront peut-être un peu du mode de communication d'évangiles nombreux - oui, il y en eut de multiples....- et encore, aussi selon des mesures directes promulguées par le peuple lors de la Commune de Paris en 1871, émettant ordres et besoins par mandat de raison.

Le contenu d'un tel mandat, apporté par le simple citoyen, passé au crible des critères qui en fonderont la valeur, sera diffusé obligatoirement par les médias. Il pourra ainsi être reconnu institutionnellement. Le peuple le ratifiant ensuite, publiquement, d'après le dernier de ces critères, celui du suffrage électoral. Ce mandat fera donc objet de pouvoir, en qualité d'idée, d'invention, de pensée - et il en sera fini du pouvoir exercé par un nombre abstrait d'électeurs, représenté par un gouvernement d'élus. La démocratie sera alors gouvernée, c'est-à-dire maîtrisée, réellement aux mains des citoyens.

Aujourd'hui, grâce au développement de l'informatique, l'ordinateur personnel arrive opportunément au service de cette démocratie gouvernée implicitement souhaitée par la raison. Ce progrès suscitera une telle possibilité de communication qui engendrera une responsabilité active du citoyen, autorisant les droits et devoirs de gestion que la démocratie gouvernante aura refusés ici-bas à toute nation.

C'est alors que l'on pourra se munir de ce précepte de Michel Serres : "Il suffit d'apprendre deux choses : la raison exacte et les maux injustes; la liberté d'invention, donc de penser, s'ensuit". Prenez la tête entre vos mains, pensez citoyens ! Pour que chaque peuple se sente libre, que les nations se respectent souveraines, que les pensées se conduisent par la raison, il faut caractériser de nouvelles valeurs humaines, inventer l'authentique démocratie, par laquelle différents critères assurent l'élection de ce qu'il faut, de ce que veut au fond le peuple : le meilleur sortant toujours en tout et partout ! Comme "Ce" meilleur ne se confondra ainsi plus avec "les meilleurs", la démocratie prendra une valeur authentique, majeure - non plus marchande. Et les différents critères d'identification seront considérés valeurs mineures.

Ces valeurs mineures précédemment exposées (1° et 2° Mandat de raison) posent problème de conscience. Je reprends ici ce qui soulève question, interrogation, ou ce qui cause le silence. Compréhensible, dans un cas comme dans l'autre. Question absolument nécessaire, réponse aussi obligatoire, au seuil d'un troisième millénaire !

La valeur -0- résume une réalité historique contournée autant par les historiens athées et agnostiques que par les esprits religieux, chrétiens et autres. La foi de ces derniers est même si mince en contenu vérifiable que l'on est obligé de se reposer ma question par suite de la persistance du mythe entourant la crucifixion d'un mortel. Cette question, posée plus pertinemment à présent, la voici : Un homme particulier a sacrifié sa vie pour sauver les hommes en général. Cet homme s'appelait Jésus n'ayant rien laissé derrière lui, à ce qu'en rapportent ses seuls disciples. Ensuite seulement il devint le Christ, restant un symbole encore vénéré après tant de siècles, ceci mérite autre chose que le détour, que ce contournement d'indifférence ou de suivisme. Ces deux attitudes se trompent, trompent depuis toujours, continuent la mystification des peuples, pour des raisons diamétralement opposées. Le rationalisme pur et dur trahit, ce faisant, la raison, et de même un spiritualisme sectaire obscurcit éternellement la lumière que dégage l'esprit humain. Le problème n’est, au fond, que politique !...

Ne poursuivons pas la polémique stérile de ces positions extrêmes. Essayons de positiver ce mythe. Le recouvrement du crucifix, dans le sens de récupérer une dette, retrouver un bien laissé à autrui, s'adresse ainsi autant aux uns qu'aux autres. Une complaisance. C'est peut-être même la bonne raison ayant rendu permanente la croyance religieuse, par la foi sous catholicisme, protestantisme, entre autres. Et donc tout simplement un produit de la raison longtemps cachée, masquée par cette foi rendant aveugle. Le temps de la connaisance arrivant, de la science venue, maintenant, aujourd'hui, seule porteuse de la raison, n'a-t-il pas le devoir de s'arrêter un instant, afin que l'on puisse reconsidérer ce problème, tranquillement ? En effet, d'abord au sujet de ce bien, de quoi s'agit-il ? pourquoi faut-il le retrouver ? et qui l'a pris à qui ?

A l'époque du Christ avait commencé la généralisation du marché chrématistique de type impérialiste, l'exploitation de la force de travail de régime esclavagiste, la colonisation des peuples dominés par invasion, notamment de l'Etat juif par l'Empire romain Et cette exploitation va se systématiser, se perpétuer sous d’autres régimes, depuis cet esclavagisme jusqu’au capitalisme, en passant par le féodalisme, avec cette impitoyable et humiliante caractéristique des hommes divisés en servis et asservis, en minorité riche, majorité pauvre, les uns disposant de tout et les autres de rien, les premiers du pouvoir et les seconds de l’obéissance. Bien sûr, il y a loin, distance, entre l’esclave et le salarié, quelque euphémique différence, mais du fait que la grande masse des humains croit toujours en Dieu, au Christ, à Mahomet, à Boudha ou à..., montre que la raison, l’égalité, la justice, la liberté, l’amour, forment de ces biens qui ne sont toujours pas acquis à l’homme.

Ce sont ces biens-là qui ont été défendus par un jeune homme nommé Jésus et qui fut jugé en tant qu’agitateur politique. Ayant été instruit, probablement, dans la secte des Esséniens, il s’en sépara, se rendit indépendant de toute organisation. Accompagné d’hommes et de femmes dévoués, ce Jésus devint le Christ bien des années après sa mort. Son mythe - car rien de ce qui est censé avoir été dit et vécu par cet homme de son vivant n’a pu être prouvé - se construisit apparemment à la suite de son juste combat, et peu à peu, des esclaves affranchis par leur entrée en religion juive officielle se distinguèrent, se caractérisèrent comme chrétiens...A vrai dire, c’étaient des révolutionnaires, des justes, mais à la seule manière possible de cette époque où l’existence des humains ne pouvait point échapper à la mystique. La continuité de la foi religieuse tient à des raisons politiques. Avec l’institutionalisation du sentiment religieux, qui coincide avec l'expansion de l’écriture, se créèrent des textes sacrés. Ils se répandirent en écrits devenant profanes. Ceci avertit les puissants, les nantis; et ces riches qui employaient des scribes n’eurent que faire des nombreux évangiles en diffusion car, au départ, ceux-ci représentaient une menace pour leur pouvoir. Ce qui explique l’opportunisme politique des scribes, s’arrangeant pour ne pas déplaire à leurs maîtres, tout en avançant des pensées prenant quelque distance avec le régime en place en pays occupé. Un grand nombre d’évangiles furent probablement détruits, après avoir été découverts cachés, puisque ayant été condamnés. Ceci montre l'intérêt de la formation d'une réligion d’Etat : l'Eglise. L’Empire romain mit le temps qu’il fallut pour imposer cette dernière, chose facilitée par, en partie, la pérennité de la pauvreté populaire et, d’autre part, par le thème de la passion du Christ polarisant les indigents sur l’espoir d’un salut passif mais pratiquant par la prière. L’illusionisme a été efficace, durable, tellement que la raison exacte a beau commencer par éclairer cette fin de millénaire, l’on continue de croire, de préférence à vouloir comprendre.

Le Vatican caractérise encore aujourd’hui l’une des plus riches entreprises du monde - parti d’une secte antique ayant réussi -, formant Etat dans l’Etat en Italie (pays qui comprend ainsi trois Etats : le national diplomatique, le catholique préchant, et le mafieu exécutif). Evidemment la cause de cette force inertielle ne peut pas être imputée uniquement à la puissance cléricale, ni au seul intérêt des riches et des prêtres s’étant succédé jusqu’à notre temps...Ce serait faire double emploi d’une simplification cérémonielle ayant cours depuis vingt siècles, réemploi pour mieux dire. L’explication du problème implique le vouloir - pas le pouvoir. Finalement chacun, ici bas, a un peu ce qu’il mérite et ce qu’il veut bien connaître : tout ou rien. Parce que tout est là, imprimé et maintenant sur logiciel... Pleine est la connaissance. Débordante l’ignorance, autant, toujours, parallèlement. Si la raison représente Dieu - on saura bientôt si cela est vrai -, ce ne serait pas trop tard de l’apprendre... Seule la pensée individuelle aux alentours a du retard. A ce sujet, la psychologie humaine a ses raisons qui échappent alors évidemment à la raison. A... Dieu.

Car il nous faut garder, retenir ce message chrétien imprégné en l’esprit humain - rendu saint d’abord par la faim - qui se voulut partage (nativité), passion (crucifixion), création (résurrection). Comment? Pourquoi? Pas pour vénérer l’homme et son sacrifice, ni les symboles qui le couronnent, mais les voeux et les actes qu’il aurait supplié d’accomplir, d’après les dires d’apôtres, non pas en s’agenouillant, en implorant Dieu le père, le fils, le saint esprit, mais éventuellement en cherchant à penser - inventer, trouver - leur véritable signification. Objet de savoir, de science, et de raison. Double enseignement :

continuer un combat contre la misère (à l’image de la crucifixion) et il s’agit bien évidemment d’une épreuve visant sa cause : le capitalisme;

percer le mystère de la parole du Christ, rapportée par les apôtres, pour tenter de comprendre la résurrection, si celle-ci a réellement eu lieu. Dans ce cas le Christ devrait ou pourrait toujours se manifester en quelque mortel, en qualité d’esprit immortel, non ? Puisque ressuscité !...

Faire comment ? = 1° enseignement.
Agir pourquoi ? = 2° enseignement.

La présente étude se limite au 1° enseignement, prévisible en lendemain; celle du 2° enseignement ne s'envisage pas sans l'avènement d'un surlendemain...

 

Les valeurs neuves appliquées


La première valeur exposée dans le Deuxième Mandat de Raison l'est sous le chiffre “1”.

Cette valeur : Application du Serment d’Hippocrate est tellement évidente qu’elle apparaît non-manifestement, disparaît donc. Elle devrait donner à penser, mais ne le semble pas. Pourquoi ? Pourquoi la gratuité demandée en ouverture de cette valeur n’apparaît-elle pas comme une exigence allant de soi, ou pourquoi n’est-elle pas expressément exigée par nos élus ? Puisque chargés, par principe démocratique, de transmettre ce que pense l’effacé citoyen. Revendication particulièrement indispensable et parfaitement légitime en notre temps, non ? L’on voit que la question posée se démultiplie à l’arrière-plan en sous-questions.

Deux raisons principales intégrées à une raison capitale font penser au sujet de ce déplorable “manque à proposition”. La décadence du système capitaliste touche aujourd’hui la pensée et fait maintenant peur, même aux organisations traditionnellement révolutionnaires, qui n’osent donc plus penser - c’est-à-dire inventer. L’abandon du socialisme réel - la disparition du bloc soviétique au profit d’un capitalisme surréel - continue en partie à faire entrer cette donnée dans la cause..... Car il faut intégrer cette défaite de l’expérience soviétique en tant que faute de réalisation de l’économie communiste dans la pratique, et c’est principalement pour cela que le mode socialo-capitaliste existant put si aisément se reconvertir en capitalisme libéral. Ce retournement de veste fut précédé, accompagné, d’une lâche trahison des partis communistes de partout. Le dommage subi par l'économie politique mondiale est encore insaisissable.Trahison oui, car s’agissant au fond d’idées, d’espoir, et non seulement d’une politique incorrecte, d’une praxis. Et les pseudo-communistes de l’URSS prédisposaient d’un savoir-faire d'organisation, d’un capital de biens et de finance, aisément libéralisable, mais manquant d’expérience législative d’ordre marchand, beaucoup préférèrent se reconvertir en mafieux, rappeler en poste d’anciens dignitaires du Tzar disposant de dollars...Il ne peut donc s’agir d’une négation de l’idéal communiste, mais seulement d’un recul, d’un arrêt d’expérience, d’application, un sursis d’affirmation. Pire : une défaite, un renoncement de la pensée progressiste en général, surtout occidentale.

Restent ces deux raisons secondaires : la peur d’avoir quelque chose à perdre et l’esprit routinier.La mentalité du conservateur concerne une majorité de gens, même les plus démunis (chômeur dépourvu de ressources élémentaires, par exemple, trop préoccupé de sa survie quotidienne) et alors, ne parlons pas des nantis d’un confortable niveau de vie... L’esprit routinier est un état qui accompagne plutôt ce dernier cas. Il n’est donc pas facile de faire partager les idées d’un lendemain. Il faut d’abord avoir le temps de les penser...

Viendra aussi, encore, quelqu’un après moi qui trouvera, expliquera, démontrera, que tout suffrage majoritaire s’avère de qualité inversement proportionnelle à un suffrage minoritaire : plus la quantité de votants pour quelque chose est grande et moins vaut l’objet du vote, et inversement. Il en est probablement de même pour la quantification en général, par rapport à une transformation qualitative. Le quantitatif n’apparaît pas, en soi, être qualifié à passer de manière élective au qualitatif. Le grand nombre ne peut pas se réduire à un “paquet d’ondes” porteur de vérité.

Le monde quantique est du domaine micro-structurel, des particules atomiques, dont l’image n’est point convertible dans la réalité de notre monde macro-structurel. Mais, il est vrai, nous n’en connaissons qu’image d’applications technologiques...

Ceci nous amène à l’évocation de l’économie du monde capitaliste par instruits de tout ordre: économistes, journalistes en politologie, spécialistes de communication, du droit, professions commerciales, techniciens, salariés conscients de leurs acquis, du devoir d’application de ce qu’ils savent faire pour gagner leur vie. Ils ont tous appris des choses qu’ils appliquent machinalement, en technologues instruits pour faire fonctionner la société, telle qu'elle est, éventuellement pour la réparer - pas pour la révolutionner, point pour la nier. Tout pour affirmer un système en place, plus rien pour débattre de sa négation. Mais tous plus ou moins inconscients du droit de penser qui implique l’invention de ce qui n’est pas et qui devrait être. Comme si cela n'allait pas de soi ...

Ces citoyens stationnent en garage. Chacun attend sa voiture en réparation. Même si beaucoup connaissent la mécanique, ils doivent la confier à un professionnel. Un moteur d’abord s’entretient. Au besoin, la voiture se revend d’occasion, un modèle neuf s’achète. Ce n’est point un problème, sinon d’argent. Le problème commence réellement lorsque se souhaite la voiture conçue sur mesure, celle inventée par soi-même. La singulière, la particulière, l’originale. Celle créée pour ses besoins vraiment propres, l’électrique selon son idée et ses propres connaissances rendues utiles. Mais l’on ne s’occupe pas des autres, et pas même de sa propre pensée.

Pauvres d’esprit, simples corps animés, non pensants, sous démocratie gouvernante - non pas gouvernée.... Oui, nous en sommes là ! Le règne du capital motivant l’homme par le désir d’un profit est probablement en mesure de tuer la pensée, comme il le fait pour tant d’autres choses.

Le désir d’argent est un puissant stimulant pour entreprendre. Mais dénaturé, artificiel, aliénant. C’est un leurre, un faux besoin qui se substitue à la joie de bien faire quelque chose d’utile ou de beau, en particulier. Pas nécessairement en grand nombre d’exemplaires, comme ce l’est devenu en tant de cas et pour la même raison. Comme la pensée est synonyme d’invention, la voilà donc appauvrie sinon bridée, fracturée en spécialités, en autant de fonctions qu’il y a d’obligations existentielles, commerciales, sérieuses et ludiques. Et finalement la pensée prospective, créative, la vraie, se perd.

Service, travail, ouvrage, chacun en soi chef d’oeuvre, pourtant. Normalement, il en serait ainsi, sans ce fatal argent produit d’un profit, sans ce profit qui produit l’argent et consécutivement tant de malheurs toujours et partout. L’on assiste à du mauvais recyclage sous condition et en principe évitable, mais rendu inévitable puisque dépendant de l’état de la pensée, des choix faits par la raison et de la volonté humaine laissés de plomb, dans l’indétermination de cette pensée...L’inemployé en souffre. La raison surtout, restant tapie au coeur de la pensée, bien mal conduite, orientée de travers, asservie à la spécialisation technique, au parasitage de la matière, à l’abstraction de sa pensée. L’homme se doit de réactiver, reconcrétiser sa pensée, de se la redestiner.

Entrer en démocratie gouvernée sera affaire de citoyens libres. Nous avons encore tout à apprendre, quant à l'économie politique, la reconnaissance démocratique de la pensée citoyenne. Un long millénaire s’ouvre aux yeux de générations. nouvelles; les anciennes n’ont pas su se débarrasser du commun fonds d’exploitation.

Tout doit changer, parce que les humains le peuvent. La volonté d’entrer en lendemain est absolument indispensable. Il faut avoir en vue quelques lumières au loin. Sinon l’horizon lui-même s’échappera de nos souvenirs et nous naviguerons éternellement sur un océan chavirant, sans destination, sans but - si nous avions tant soit peu eu quelque idéal, une telle détermination, par le passé. Non, les hommes ont, jusque là, navigué par aventure, passion interessée par l’argent, et surtout sans raison. Motivés pour la recherche de cette fausse richesse, ils se sont plutôt conduits en vils, partout et en tout. Le propre de l’histoire s’est fait malgré-eux. Homme, ce nom devrait sonner fier mais c'est un battement de tambour qui remonte de loin, de rassemblement à l’ordre venant d’en haut...Mais il y aura un lendemain où, pour ne plus se bercer d’illusion pendant le sommeil, nul ne remplacera ce tambour. Puisqu'à partir de ce matin-là, la réalité voulue accompagnera le rêve au lever de tous et pas seulement pour une fois.

Vous aurez fait le grand pas avec moi, nous aurons dépassé cette ère des valeurs quantiques où tout se mesurait partant d’un nombre, quand les jugements reposaient sur toutes sortes de quanta arbitraires, nous tombaient dessus sans autre raison, quand nos propres suffrages durent se prétendre universels, quand avec l’avènement de la technologie numérique chaque conscience crut devoir se laisser marquer d‘un numéro électronique. Chacun de nous travesti, dépersonnalisé, s'avançant masqué. Quittons ce costume qui nous faisait tous nous ressembler.

Moi, vous, nous tous ne voulons pas, ne voulons plus que les grands nombres ordonnent la conduite individuelle, nous détournent chacun et chacune comme ils peuvent détourner toute chose, nous alièner, faire de chacun, de chacune, un objet. La fonction des chiffres se doit de servir la personne humaine et non la masse des individus, considérée en clientèle, consommateurs potentiels, acheteurs virtuels.

Si nous sommes comptables, cela signifie que nous devons compter chacun et chacune pour ce que nous sommes en qualité d’être humain au singulier, en particulier et par ce qui nous distingue de spécifique. Deux choses nous caractérisent universellement : cette individualité différente chacune de toutes les autres personnes et la raison en qualité d’attribut commun aux nôtres - au genre humain. Comment sortir de la contradiction qui fait que cette raison apparaisse, elle aussi, différenciée ? En la considérant en tant que grandeur unique et universelle conduite par la volonté et de meilleure intention. Elle représente ainsi par définition la liberté et la responsabilité absolue de l'homme, du genre humain. Il faut alors ajouter une 15° valeur et une 16° aux 14 valeurs précédemment définies dans le Deuxième Mandat de Raison.

- 15 -
Une volonté responsable

La raison représente la nature humaine en particulier responsable de la nature en général. Elle est le coeur de la pensée humaine. Sa mauvaise ou sa bonne conduite détermine toute vie, ou dans le mauvais sens (par dégradation), ou dans le bon sens (l'épanouissement). La nature a été polluée par l'activité déraisonnable de l'économie capitaliste, ce qui exige réparation par intervention sage de la raison. L'économie, la technologie, la communication culturelle, les échanges matériels, sont parties artificielles intégrées à cette nature, instruments de son état d'ensemble, structures d'enrichissement. Ce qui implique : la connaissance scientifique des choses, fondée de raison, activée de volonté politique responsable.

Mais l'homme ne peut commander à toute la nature, même si sa responsabilité l'engage maintenant partout. Il a l'obligation d'intervention, parce que désormais il est impossible de reculer, face aux problèmes de tout ordre générés par ou sans sa volonté sinon sa conscience.

Le genre humain se doit d'organiser les meilleures conditions du devenir. Les rapports de force, d'exploitation du travail de l'homme et de son environnement, la production de l'argent, le marché vénal, doivent disparaître, parce que c'est possible et parce que c'est nécessaire. L'homme est devenu le seul responsable de la vie et de l'état de la Terre. Il a le devoir d'intervention par la raison. Il doit en prendre conscience, pour avoir la volonté de s'activer en ce sens. Il est le libre arbitre de son devenir.

- 16 -
L'échelle de la conscience

La conscience absolue des choses est possible. Elle caractérise une montée à trois échelons qui constituent différents états :
- la conscience affective ou sentimentale, qui est le réflexe conditionnel direct du concret, et qui forme un premier système nerveux de signalisation sensible, partagé avec les mammifères;
- la conscience de cette conscience, qui est le réflexe conditionnel indirect du concret, et qui forme un deuxième système nerveux de signalisation, représentant la faculté d'abstraction et qui "apparaît" spécifique à l'homme;
- la conscience unitaire de ces deux consciences en qualité d'états successifs menant à l'universalité et à la réalité objective absolue - but de la pensée, son objet de raison.

Les deux premiers états de conscience signalent la relativité des choses en leur mouvement, sous évolution (par sensation, sentiment, conception, opinion, pensée en général).Ils génèrent information, action, interaction, par lesquelles l'homme demeure dans la nature dialectique des choses. Le troisième état de conscience libère l'homme de cette dépendance, l'en sort en générant la rétro-action : l'effet agissant sur sa cause.

Seule la raison instruit de la vérité logique des choses.

L'échelle de la conscience intègre trois consciences en une seule reflétant la réalité toujours mieux définie.

 

S O M M A I R E

des valeurs définies par mandats de raison

 

0 : Recouvrement du crucifix.
1 : Application du Serment d' Hippocrate.
2 : La distinction du produit d'un travail est le principal acte libérateur du travail.
3 : Création d'une Table à valeur universelle.
4 : Constitution d'un capital d'échange de droit.
5 : Dotation au berceau d'un maximum d'argent vital.
6 : Négation de la valeur marchande.
7 : Fin mise au règne de l'héritage familial
et des privilèges de rang et de classe.
8 : Universalisation du mode de paiement numérique.
9 : Instauration du principe d'échange des deux mains.
10 : Fondement de la vraie démocratie.
11 : Communication par Mandat de Raison.
12 : Création de Comités de Raison.
13 : De la Raison par droit au Droit d'avoir raison.
14 : Du travail sur la planète Mars.
15 : Une volonté responsable.
16: L'échelle de la conscience.


Entrée en LENDEMAIN

Deux mondes parallèles

Cette histoire commence, authentique. Je m’étais déplacé en voiture à Haguenau, petite ville d’Alsace du nord, située en bordure d’une vaste forêt qui attire souvent l'orage. C’était en un été chaud, lourd. Je croyais avoir garé la voiture en sécurité et à l’ombre, en bordure de la Moder, cours d’eau resurgissant en pleine ville, et m’en étais allé voir un médecin spécialiste, à propos d’un bourdonnement d’oreille. L’orage m’attendait en sortie de ce cabinet, avec des trombes d’eau rafraîchissantes. Je courus en longeant les magasins, m’arrêtant un instant au seuil de chaque porte, d’un trottoir à l’autre, pour tenter de limiter l’arrosage général. Le vent s’était mis à tourbillonner. L’orage tournant autour de la forêt, semblait s’éloigner, puis revenait...

Il y avait quelques véhicules restant sous les arbres du quai des pêcheurs, mais je n’y trouvais plus le mien en arrivant en ce lieu. Il continua de pleuvoir et je m’étais dirigé vers un abri proche, d’où je pouvais voir... Je regardai l’emplacement vide où avait stationné ma voiture entre d’autres butant le trottoir. Il n’y avait plus rien. Mon véhicule avait disparu. Restait un large creux. Pas même une nouvelle auto à cette place. Ma surprise dura plus longtemps que les averses. Je n’en finissais pas de fixer l’endroit, de chercher à comprendre. La voiture avait pourtant été fermée à clé, et difficile à forcer en plein jour actif, avec partout des badauds allant et venant. Je ne pouvais et ne voulais pas croire à un vol. Ce n’en était pas un, non...

Un brin de soleil étant revenu, je me vis m'approcher de ma voiture de retour. Mais ailleurs, à un tout autre emplacement dans la ville. Guidé par un événement en parallèle à l’événement précédent, la nouvelle place de stationnement ne me posa nullement question. J’étais simplement libéré d’un vaste problème. Et je me voyais marcher, retourner en centre ville, que je ne reconnaissais presque plus. La cité avait changé. Les gens qui me croisaient ne pouvaient pas me suivre, ni m’entendre. Ils ne m’auraient d’ailleurs pas écouté. En fait, nul ne me croisait latéralement. Nous nous interpénétrions, eux à travers moi et moi à travers eux. Ceci dans un total silence, insensiblement. J’étais tout seul à m’apercevoir de cet état. Je me trouvais restant parmi l’insupportable retenue des gens... Avec personne. Pendant que je me souvenais d’un autre rendez-vous...

Avec un lendemain, et de vrais citoyens....

 


 

La nouvelle route Wissembourg Hagenau est la première latéralisée d'un guide dénergie électrique. Ce dispositif a pour fonction de permettre l'alimentation des nouvelles voitures électriques en circulation. Le système a par ailleurs l'avantage d'obliger les conducteurs à maintenir leur droite pour garder le contact avec le réseau électrique qui assure la recharge de leur batterie en cours de route. C'est un modèle de première génération, et l'on envisage déjà son perfectionnement, fonctionnant par induction.

Mon compagnon, Pit, virtuellement assis à ma gauche - le volant étant disposé côté droit maintenant - s'est arrêté de parler, percevant mon désir de doubler une voiture polluante dont le conducteur, muni d'un réservoir de bêtise et de vanité récurrentes, ne respecte pas l'allure constante réglementaire. L'écho-laser me prête assistance. Un signal sonore et visuel m'avertit du retrait de caténaire. La disposition de volant côté droit n'est pas vraiment indispensable, pas davantage à la vue de l'extrait du caténaire qui se réalise quand le véhicule est doublé, en ressortant de dessous de ma voiture pour reprendre contact avec la ligne polarisée en bordure de la route.

Cette route était maintenant bordée de plusieurs chantiers, prévus au nez des usagers, tous petits fils de paysans, et lesquels avaient pu sentir venir ce développement. Le PIF (Paysage Industriel Frontalier), méritait son sigle, pour plusieurs raisons. Sans raison en fait, sinon qu'en début de vingt et unième siècle l'économie commandait encore l'homme (et non l'homme l'économie), en asservissant même la raison. La pensée des salariés ne voyait plus cette exploitation de leur conscience, qui s'était trop bien mise au service du système capitaliste. Il leur restait seulement le sentiment de quelque chose qui leur échappait, qu'ils ne pouvaient plus réellement s'expliquer.


- Tu viens toi-même d'enfreindre la nouvelle réglementation, constate mon voisin virtuel.
- Parlons-en. L'indiscipline s'était trop manifestée sur la route, au nom de la liberté de l'usager. En réalité en tant qu'exutoire, par lâcheté d'orgueilleux se vengeant des frustrations de l'existence, profitant de cette propriété mobile et close pour se défouler.
- A juste raison souvent, considérant les inégalités et les injustices sociales refoulées.

Un autre chantier s'ouvre à ma vue en traversant la forêt de Haguenau : la démolition de la ligne à haute tension longeant cette route. Elle ne s'avére plus nécessaire, pour deux raisons complémentaires : d'abord parce que l'invention de l'inducteur quantique permettait le transport du courant alternatif en réseau-sol, puisque non conducteur avec la masse terrestre. Ce courant électrique passait déjà dans la gaine de protection alimentant la batterie de ma voiture, car c'était le même, de basse tension. Ensuite, parce que l'autogénération hydroélectrique avait commencé par se localiser partout, à se produire gracieusement ici et là. Les centrales-dinosaures étaient devenues obsolètes, autant les hydrauliques rhénanes que les nucléaires.

Pit se taisait. En fait mon assistant ne pouvait pas - pas encore - investir ma pensée. Il devait se contenter d'observer la circulation et m'aider à bien conduire. Un ordinateur est un esclave et le restera - on l'espère. Mais rien n'est sûr... Il y aurait des prototypes manifestant quelque velléité d'indépendance, de liberté. C'est ce que l'on raconte aujourd'hui entre ruminants humains. Les gens restent, comme avant, très différents d'aptitude à la conduite de leur raison, comme sur la route. Enfin, et comme sur la route, chacun sait qu'il doit compter sur sa raison personnelle, plus que sur ses réflexes.

La forêt de Haguenau est restée royale, la raison est devenue universelle - non plus réservée à la connaissance didactique et technologique. La société - l'économie des échanges matériels et politiques - a commencé par appliquer des principes de raison, la démocratie par s'exercer en partant de comités de raison, revendiquant par mandats de raison, s'élaborant eux-mêmes à partir de critères de raison. Finie la soumission des hommes à des nécessités irrationnelles causées par de prétendues lois sociales et par de prétendues lois naturelles. Quand les unes et les autres ne furent que l'expression d'une méconnaissance de rapports de forces contingentes, déterminant l'inorganisable - sans parler de l'arbitraire étatique ou conventionnel ayant imposé les premières. Les secondes, découlant de processus naturels, impliquant hasard et nécessité, se définissent non plus comme lois. Une loi véritable ne peut s'attribuer qu'à des sujets organisés cybernétiquement - et provient d'une transformation d'un processus dialectique au cours de l'évolution. Ceci quand un rapport fortuit devient causal et que l'effet qui en résulte commence à pouvoir rétroagir de manière négative sur sa cause, exerçant une régulation. Un cybernisme est le prime stade d'organisation autodynamique existant dans la nature.

Mon compagnon semble de cet avis, émettant faiblement : "oui...oui". Moi je ris, en évitant qu'il puisse m'entendre.

(inachevé, 1,1999)

Marcel Wittmann

 

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