Les enfances

Une cellule dort
Un germe songe à l'éden.
Quelle image a vécu par l'ADN (1)
Au delà de la mort ?

La marche de l'anthropomorphe
Dans le placenta avancé ?
Est-ce l'ombre du passé
Qui fait un salut amorphe ?

Toute la vie de la terre
Repasse dans la créature,
Noble choix de la nature :
Nourrisson d'une mère.

Il est né blanc ou noir
L'enfant, pigmenté du soleil.
Son petit corps s'éveille.
On le couche plein d'espoir.

Il va courir un bout de chemin
A la lisière du paradis
Enlaçant le tronc de la vie
Une fois encore de ses mains.

En son matin joyeux
Se tarit la source lointaine
L'authentique condition humaine
De nos premiers aïeux.

L'homme jaillit par l'immondice,
N'a-t-il pas délaissé le culte
Des ancêtres ? Adulte
Que lui reste-t-il ? L'appendice.

Grandi dans la douleur
Affaibli par la croix,
Et fanée l'antique loi
Telle une modeste fleur.

Mais quel est ce vrai chant ?
Cette nouvelle étoile du berger ?
Quel vaisseau vogue si léger
Dans l'homme enfant ?

Vingtième siècle, années 60


(1) Constituant programmé de toute cellule vivante.